PHARMANEWS
La lettre hebdomadaire de pharmacie.ma
N°515 09 décembre 2019
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[ ÉDITORIAL ]
À quoi servent tous ces médicaments efficaces s’ils ne sont pas accessibles !

Par Abderrahim Derraji, Docteur en pharmacie

La Société marocaine de l’économie de la santé a organisé, du 28 au 30 novembre dernier à Rabat, le VIICongrès national de pharmacoéconomie et de pharmacoépidémiologie ainsi que son Ve Congrès maghrébin.

Ces deux rencontres très attendues ont été dédiées essentiellement à la problématique de l’accès aux soins, une thématique qui tombe à point nommé d’autant plus que le Maroc aspire à élargir la couverture médicale, voire la généraliser.

L’accès aux médicaments est devenu aujourd’hui un vrai chalenge aussi bien pour les États que pour les organismes payeurs et ceux de régulation. Les patients qui étaient, il y a à peine quelques années, injustement condamnés par des maladies qu’on peut aujourd’hui stabiliser ou guérir grâce à des traitements innovants, sont hélas toujours condamnés, mais cette fois-ci par leur incapacité d’accéder à ces thérapies. Les différentes nations y compris les plus riches sont aujourd’hui confrontées à des situations dramatiques où des patients voient leur pronostic vital engagé alors que des traitements innovants efficaces existent, mais leur prix les rend inaccessibles.

Cette injustice peut être en partie réparée grâce aux programmes d’accès aux médicaments innovants. Ces programmes constituent des leviers permettant la régulation des prix des médicaments innovants en encadrant les négociations entre les laboratoires pharmaceutiques et les organismes régulateurs et payeurs. Ces derniers doivent à la fois maitriser le coût inhérent à ces nouvelles thérapies et évaluer leur apport réel dans la prise en charge des malades.

Il existe deux types d’accords. Soit des accords commerciaux permettant de réduire les dépenses de santé comme les accords prix/volume, les rabais ou remises, le plafonnement des coûts ou les coûts partagés et les accords basés sur les performances. Dans ce dernier cas, les organismes payeurs acceptent un prix à condition que les performances escomptées se concrétisent.

Pendant que les nations matures multiplient les approches pour améliorer l’accès aux médicaments innovants et leurs biosimilaires, au Maroc, nous continuons toujours à opposer le générique au princeps sachant que chacun d’entre eux à une place légitime dans toute politique d’amélioration d’accès aux médicaments. On ne peut que déplorer le retard pris dans la mise en place de l’Objectif 4 de la politique pharmaceutique nationale et les quatre engagements (16, 17, 18, 19 et 20) qu’elle prévoit. 

Tant que ces engagements ne sont pas devenus effectifs, on ne peut parler d’une vraie politique du médicament générique au Maroc.

En attendant que ces engagements deviennent effectifs, l’augmentation exponentielle du nombre de références des médicaments génériques est devenue un vrai cauchemar pour les pharmaciens d’officine. Le coût de leur stockage, le volume des médicaments périmés et les ruptures récurrentes d’approvisionnement compliquent son quotidien, le fragilisent économiquement et compromettent indirectement l’accessibilité aux médicaments.

Aussi, toute approche hasardeuse visant l’amélioration de l’accès aux médicaments sans prendre en considération les intérêts des uns et des autres est vouée à l’échec, particulièrement quand les études d’impact et les systèmes d’information brillent par leur absence !

Revue de presse
Conférence d’Alger : l’après-loi sanitaire Conférence d’Alger : l’après-loi sanitaire

Le rideau vient de tomber sur la Conférence internationale qui a eu lieu le 2 décembre 2019 à Alger sous le thème «Stratégie de développement du secteur pharmaceutique».

Le choix du thème n’est pas fortuit puisque l’Algérie ambitionne de devenir un des acteurs majeurs de l’industrie pharmaceutique sur le continent africain.

«L’Algérie dispose d’une Agence nationale des produits pharmaceutiques et d’un laboratoire de contrôle des produits pharmaceutiques. Elle dispose aussi d’un pôle universitaire et connaît l’émergence d’une vraie industrie pharmaceutique avec 80 établissements pharmaceutiques. Il est temps de s’orienter vers la recherche scientifique et vers l’exportation des médicaments», a indiqué le Dr Lotfi Benbahmed dans l’allocution qu’il a prononcée lors de la séance inaugurale de cette rencontre organisée par le Conseil de l’Ordre des pharmaciens d’Alger.

Pour atteindre les objectifs qu’elle s’est assignés, l’Algérie ne peut faire l’économie d’une vraie politique pharmaceutique permettant, entre autres, un accès aux médicaments, y compris les plus innovants.

Pour animer les différentes sessions programmées lors de la Conférence internationale, le Comité d’organisation a fait appel à de nombreux experts qui ont passé en revue les différentes stratégies à même de contribuer au développement de l’industrie pharmaceutique et permettre la mise en place d’une politique pharmaceutique en phase avec les aspirations de l’Algérie en la matière.

«Notre filiale est encore jeune et perfectible, mais dont les résultats apparaissent à tout égard comme très satisfaisants», a indiqué M. Abdelwahed Kerrar, président de l’Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP).

Selon ce dernier, la production pharmaceutique algérienne a connu une forte croissance lors des dix dernières années. Elle est passée de 470 millions de dollars en 2008 à 2 milliards de dollars en 2018. Quant à la part de valeur de la fabrication locale, elle est passée de 25 à 52% sur un marché qui est en constante croissance. Cette production locale a contribué à baisser fortement le prix des médicaments en Algérie et à maintenir l’équilibre des caisses d’assurance maladies.

«Ce résultat a été obtenu grâce à la politique avisée des autorités publiques qui a lié l’activité d’importation à l’investissement, au pari fait par de nombreux investisseurs nationaux qui se sont engagés dans des investissements de haute technologie et aux spécificités du marché algérien qui est estimé à 4 milliards de dollars», a ajouté M. Kerrar.

La jeune industrie algérienne est cependant confrontée à un défi de taille qui est d’arriver à se maintenir et de pérenniser sa croissance et son développement. Ceci ne peut être garanti, selon le président de l’UNOP, en l’absence d’un cadre réglementaire efficient et une Agence du médicament dotée de ressources humaines et financières suffisantes.

Le président de l’UNOP a également indiqué que la politique de fixation des prix des médicaments est un élément clef dans toute politique pharmaceutique. L’approche strictement «comptable» qui est souvent de mise est inappropriée, car elle ne prend nullement en considération les lourds investissements des industriels.

Il a conclu son intervention en évoquant la mise en place d’une zone d’échanges africaine, et les défis qui se dressent devant les pays africains pour réduire le déficit commercial en médicaments qui a avoisiné quelque 14 milliards de dollars en 2018.

En plus de cette session dédiée à l’industrie, les organisateurs de la Conférence internationale ont prévu quatre autres sessions. Deux sessions concernant la pharmacie d’officine : «Nouvelles missions du pharmacien d’officine et éducation thérapeutique» et la réglementation sur les psychotropes. Deux autres sessions ont été consacrées à la biologie clinique et à la pharmacie hospitalière, deux secteurs en pleine mutation qui nécessitent un accompagnement, et une révision du cadre juridique pour limiter les dépassements et répondre aux attentes des patients.

«Les différentes communications programmées vont permettre un partage d’expériences avec nos confrères à travers le monde et nous renseigneront sur le positionnement actuel de notre secteur d’activités tout en mettant en avant d’excellentes opportunités qui peuvent s’offrir à nous», a indiqué le Dr Abelkrim Touahria, président du Conseil de l’Ordre des pharmaciens d’Alger. Il a également fait part à l’assistance des contraintes auxquelles le pharmacien doit quotidiennement faire face notamment les ruptures récurrentes de stock, la réglementation inadaptée, la lenteur administrative, etc.

«Notre pays s’est doté d’une nouvelle loi sanitaire le 2 juillet 2018 et le Conseil de l’Ordre est fier d’avoir porté les propositions communes de l’ensemble de la profession ayant contribué à une loi cohérente et résolument moderne», a déclaré de son côté le Dr Lotfi Benbahmed.En marge de cette Conférence, l’Inter-Ordre des pharmaciens africains, qui est actuellement présidé par Dr Lotfi Benbahmed, a tenu une session qui a été à l’origine de «l’Appel de l’Alger» qui a été signé lors de la Conférence internationale. Cet appel est une initiative qui a pour objectif d’inciter les décideurs africains à œuvrer pour que tous les pays d’Afrique ratifient le traité portant création de l’Agence africaine du médicament, cadre essentiel pour améliorer l’accès aux médicaments de qualité à tous les habitants du continent.

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Salé : les psychotropes sous la loupe ! Salé : les psychotropes sous la loupe !

L’Amicale des pharmaciens du Maroc (APM) a organisé, jeudi dernier à Salé, une table ronde sur le thème «Cadre réglementaire de l’usage des médicaments psychotropes et stupéfiants au Maroc», thématique qui vient nous rappeler les difficultés que rencontrent les pharmaciens d’officine en délivrant cette famille de médicaments.

Pour animer cette table ronde, l’APM a fait appel au Dr Hassan Kisra, professeur en psychiatrie, à M. Mohamed Meiouet, docteur en pharmacie et en droit, au DAderrahim Matraoui, pharmacien inspecteur, au Dr Anouar Benmhammed, président de l’Association «Les amis du patient», à M. Aziz Benbrahim, parlementaire, au Dr Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, et à M. Hassan Farhane, magistrat rattaché auprès du ministère public.

La composition de ce panel a permis de lever le voile sur tous les aspects de cette problématique.

Tout d’abord, les difficultés que rencontrent les patients pour se procurer leurs médicaments. Comme l’a rappelé le Pr Kisra, des médicaments essentiels ne sont pas accessibles en raison de leur prix ou par ce qu’ils ne sont pas disponibles sur le marché. Il a également évoqué le cas d’enfants vivants avec un TDAH (Troubles du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) qui ne peuvent pas être traités du fait que le méthylphénidate n’est toujours pas commercialisé Maroc.

Ensuite, les pharmaciens, tout en étant sensibles aux difficultés que rencontrent leurs patients, sont devenus particulièrement méfiants vis-à-vis de toute prescription comportant des psychotropes ou des produits apparentés.

Et enfin et comme l’a rappelé Dr Mohamed Lahbabi, l’approche adoptée par les médias pour traiter les affaires liées aux psychotropes stigmatise les malades et donne une très mauvaise image des traitements qui, lorsqu’ils sont utilisés normalement, sont des médicaments comme les autres. L’appellation «karkoubi», qui est utilisée à tort et à travers, complique la situation.

Les différents conférenciers, qui ont pris part à cette table ronde, ont pointé du doigt l’obsolescence du cadre juridique qui régit les psychotropes. Ce cadre ne protège nullement le pharmacien qui peut à tout moment être assimilé à un trafiquant de drogue, y compris en dispensant dans les règles de l’art certains médicaments comme le Lyrica® et ses génériques. L’obsolescence du Dahir de 1922, la non-adoption de l’ordonnance infalsifiable comme c’est le cas dans de nombreux pays, la méconnaissance de la liste exacte des produits qui font l’objet de mésusage et les condamnations prononcées régulièrement à l’encontre des pharmaciens expliquent la méfiance des officinaux. Cette méfiance peut priver de vrais malades de leurs traitements. Les patients peuvent également avoir du mal à renouveler leurs ordonnances à cause de la saturation des services psychiatriques du secteur public.

Les différentes présentations ont été suivies d’un débat très intéressant qui traduit les inquiétudes des pharmaciens qui vivent sous la menace de se faire attaquer par les trafiquants de ces produits.

Les orateurs et les pharmaciens présents ont formulé une série de recommandations qui vont sans doute être utilisées par l’APM pour que des mesures concrètes puissent enfin voir le jour, car il y va de la santé des citoyens et de la sécurité des pharmaciens.

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Enfin une injection qui stoppe la progression de la maladie d’Alzheimer Enfin une injection qui stoppe la progression de la maladie d’Alzheimer

La firme pharmaceutique américaine Biogen a présenté, jeudi dernier, lors d’un congrès qui a eu lieu à San Diego, les résultats de travaux qui ont révélé que l'aducanumab agit sur l'amyloïde au niveau du cerveau et freine l’évolution de la maladie d'Alzheimer.

Un premier essai clinique a été mené au mois de mars dernier sur ce médicament, mais il a été suspendu en raison des résultats jugés modérés. C’est ce qui a poussé l’équipe de chercheurs à reprendre la même étude avec des doses plus élevées d’aducanumab. Les patients recrutés n’étaient qu’au début de la maladie avec peu d’amyloïde au niveau de leur cerveau.

Selon le Dr Louis Verret, un neurologue qui a administré ce médicament à une dizaine de patients québécois, des tests objectifs ont mis en évidence une amélioration de la mémoire chez les patients traités par l’aducanumab. L'impression des évaluateurs est positive pour ces patients. Et au niveau fonctionnel, les patients s'améliorent dans la vie de tous les jours.

Biogen doit maintenant faire approuver son médicament par la Food and Drug Administration (FDA) avant de pouvoir le mettre sur le marché américain, ce qui va sans doute nécessiter plusieurs années.

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Des génériques coûtent jusqu’à 1000% plus cher dans certains pays ! Des génériques coûtent jusqu’à 1000% plus cher dans certains pays !

Une étude comparative des prix des médicaments menée par Medbelle, un fournisseur de soins de santé en ligne, a révélé de très grands écarts entre les prix de 13 médicaments génériques dans 50 pays.

Pour réaliser l’indice des prix des médicaments, Medbelle a choisi le sildénafil (Viagra), la prégabaline (Lyrica), l’atorvastatine (Lipitor), le salbutamol (Ventoline), l’azithromycine (Zithromax), l’insuline glargine (Lantus), le tacrolimus (Prograf), la drospirénone/l’éthinylestradiol (Yasmin), la fluoxétine (Prozac), l’alprazolam (Xanax), le lisinopril (Zestril), le ténofovir (Viread) et l’adalimumab (Humira).

Ce sont finalement les Émirats arabes unis qui ont un prix supérieur de plus de 1.000%, par rapport au coût médian de l’ensemble des médicaments génériques inclus dans l’étude. Elles sont suivies de l’Espagne et de l’Allemagne, le prix de ces médicaments est respectivement 895 et 855% plus élevé que le coût médian. Et c’est en Égypte et en Thaïlande où on trouve des prix environ 90% inférieurs au coût médian.

À titre d'exemple, une dose prégabaline coûte 1,14 euro en Chine et 0,04 euro aux Pays-Bas, quant au silendafil, une dose coûte 8,45 euros au Japon alors qu’elle ne dépasse pas 0,38 euro en Irlande.
En savoir plus : 
https://www.medbelle.com/medicine-price-index
 

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Des médicaments à base de metformine seraient contaminés, à leur tour, par la NDMA Des médicaments à base de metformine seraient contaminés, à leur tour, par la NDMA

D’après un point d’information mis en ligne le 6 décembre 2019 par l’ANSM (Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé) des traces de

N-nitrosodimethylamine (NDMA) ont été découvertes début décembre dans quelques lots de médicaments à base de metformine commercialisés hors de l'Union européenne.

En attendant les analyses des médicaments disponibles en France qui sont en cours, l’ANSM recommande aux patients diabétiques de ne pas interrompre leur traitement à base de metformine, car les risques d’une interruption de traitement sont plus importants que ceux qui seraient liés aux éventuelles traces de NDMA.

L’Agence française informe aussi les médecins qu’ils peuvent continuer à prescrire des médicaments à base de metformine dans la prise en charge du diabète. Elle leur recommande également d’attirer l’attention de leurs patients sur les risques que représente une interruption de traitement antidiabétique.

Source : ANSM

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